La biologie de la cognition

Nous l’avons vu (« Principes généraux »), la notion d’intelligence de Piaget est très marquée par la biologie. Pour cet auteur, l’intelligence est une forme particulière d’adaptation biologique.
Il s’agit de saisir que l’intelligence est une conséquence de la logique évolutionniste de la vie, et donc qu’elle a hérité de ce mouvement certains modes de fonctionnement.

En termes d’adaptation, deux processus particuliers sont évoqués par Piaget : l’assimilation et l’accommodation, qui sont les constituants de l’équilibration.

L’assimilation

C’est le processus par lequel un organisme intègre des éléments extérieurs nouveaux à une structure (biologique/psychologique) préalable. Piaget la définit ainsi : « [l’]action de l’organisme sur les objets qui l’entourent, en tant que cette action dépend des conduites antérieures portant sur les mêmes objets ou sur des objets analogues. En effet, tout rapport entre un être vivant et son milieu présente ce caractère spécifique que le premier, au lieu d’être soumis passivement au second, le modifie en lui imposant une structure propre. C’est ainsi que, physiologiquement, l’organisme absorbe des substances et les transforme en fonction de la sienne. Or, psychologiquement, il en va de même, sauf que les modifications dont il s’agit alors ne sont plus d’ordre substantiel, mais uniquement fonctionnel, et sont déterminées par la motricité, la perception ou le jeu des actions réelles ou virtuelles (opérations conceptuelles, etc.) ».

L’accommodation

C’est le processus par lequel l’organisme est amené à se modifier en fonction des caractéristiques de son milieu. Contrairement à l’assimilation, il s’agit ici du milieu poussant l’organisme à se transformer.
La référence biologique classique est celle de l’accommodation visuelle : ce terme désigne le fait que le cristallin de l’œil ajuste sa distance à l’objet regardé pour obtenir une image nette.

Nous voyons que l’assimilation et l’accommodation ne trouvent de sens que conjointement.
Par exemple, lorsqu’un adulte polyhandicapé doit gérer la préhension d’un verre d’eau, il y a autant assimilation qu’accommodation. Le verre d’eau, objet externe, est assimilé à des compétences préalables telles que la préhension (saisir) et le truchement (atteinte d’un but indirect, ici se désaltérer), mais dans le même mouvement, il y a accommodation de la personne, qui fait dépendre son geste des caractéristiques du verre (taille, poids, distance…).

L’adaptation se définit donc dans les écrits piagétiens comme une résolution des tensions entre assimilation et accommodation. Pour cette raison, Flavell dira que le progrès cognitif est un « processus actif, organisé, qui consiste à assimiler le nouveau à l’ancien et à accommoder l’ancien au nouveau ».

En termes d’assimilation, le sujet utiliserait des schèmes, qui restent une notion fondamentale dans l’approche piagétienne de l’intelligence (voir « Les schèmes »).